29/05/2015 à 20:01 lefigaro.fr
L'un des criminels nazis les plus recherchés est mort à 93 ans au Canada

L'un des suspects de crimes de guerre nazis parmi les plus recherchés, est décédé la semaine dernière à l'âge de 93 ans au Canada où il vivait depuis plus de 60 ans sans avoir jamais répondu des atrocités dont il est soupçonné.

Vladimir Katriuk ne comparaîtra jamais devant un juge. Ce présumé criminel nazis est décédé la semaine dernière à l'âge de 93 ans au Canada où il vivait depuis plus de 60 ans et se consacrait à l'apiculture dans sa ferme à Ormstown, un village situé au sud de Montréal, dans la province de Québec. «M. Katriuk est décédé après des années de harcèlement immérité, y compris de la part des médias», a annoncé jeudi son avocat dans les colonnes du journal canadien The Globe and Mail, «Je suis heureux qu'il repose en paix. Il était malade depuis longtemps.»

Cet ancien membre d'un bataillon ukrainien de Waffen SS, la branche armée nazie, serait responsable de massacres contre des Juifs et d'autres civils de Biélorussie et d'Ukraine entre 1942 et 1944. Lui soutenait qu'il avait été contraint de s'enrôler dans le bataillon ukrainien de Waffen SS. Son rôle, selon lui, s'était limité à protéger des villageois et du bétail contre les attaques de résistants. Il avait affirmé avoir déserté son bataillon lors de son déploiement en France en 1944, pays où il avait séjourné après la guerre avant d'immigrer au Canada en 1951.

Vladimir Katriuk figurait en seconde position sur la liste des criminels nazis les plus recherchés établie par le Centre Simon Wiesenthal, une ONG reconnue par les Nations unies et l'UNESCO, qui a notamment lancé en 2002 l'Opération Dernière Chance, visant à traquer les anciens criminels nazis avant qu'ils ne meurent de vieillesse.

Son extradition exigée, mais jamais accordée

Depuis de nombreuses années, des organisations juives demandaient son expulsion pour qu'il soit traduit en justice. .Juste avant l'annonce de son décès, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes, une organisation basée à Ottawa, avait demandé au gouvernement canadien de rouvrir le dossier de Vladimir Katriuk. En 1999, la Cour fédérale du Canada avait déjà jugé que Vladimir Katriuk avait menti pour obtenir la nationalité canadienne, en camouflant sa collaboration passée avec le régime nazi. Elle avait établi qu'il avait falsifié ses papiers en utilisant notamment le nom de son beau-frère, mais n'avait pas trouvé de preuves des atrocités commises. En 2007, le gouvernement du premier ministre Stephen Harper avait finalement décidé de ne pas lui révoquer sa nationalité.

La Russie a aussi fait part de son mécontentement. Moscou demandait depuis longtemps l'extradition de Vladimir Katriuk pour qu'il puisse être jugé. «Son décès rend malheureusement impossible tout procès» a déploré le porte-parole de l'ambassade Russe à Ottawa, Kirill Kalinin auprès du National Post. Ce dernier a reproché au gouvernement Canadien d'avoir «permis à cet homme de vivre en paix dans ce pays en lui accordant la nationalité canadienne» et d'avoir «ignoré les nombreux appels des organisations juives et de la Russie pour que justice soit rendue».

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