Milivoj Asner, 95 ans, ancien chef
de la police oustachie pro-nazie pendant la seconde guerre
mondiale, accusé d'avoir fait déporter des centaines de Serbes,
juifs, Tziganes et communistes, a reconnu avoir ordonné ces
déportations dans une interview diffusée le 19 juin par la
télévision publique croate. "Il n'arrivait jamais rien à quelqu'un qui était un citoyen loyal de l'Etat croate.
Pour les autres, ma théorie était la suivante : vous n'êtes
pas croate, vous détestez la Croatie, d'accord, mais s'il
vous plaît retournez dans votre pays", a expliqué Milivoj Asner.
Le Centre Simon-Wiesenthal, qui traque les derniers nazis en vie, considère Asner
comme le quatrième des nazis les plus recherchés au monde
et assure qu'il était un haut responsable des services de
sécurité du régime oustachi durant la seconde guerre mondiale.
Réfugié en Autriche depuis trois ans après s'être rendu compte
que des "chasseurs de nazis" avaient retrouvé sa trace en Croatie, Milivoj Asner habite aujourd'hui Klagenfurt,
capitale de la Carinthie, un Land du sud de l'Autriche gouverné
par Jorg Haider, ancien chef de l'extrême droite autrichienne.
C'est là qu'il a été retrouvé, mi-juin, en marge du tournoi du championnat d'Europe
de football, par des journalistes du quotidien anglais The
Sun. Dans un premier temps, sous le titre "Nous avons trouvé à l'Euro un criminel de guerre recherché", le tabloïd a publié plusieurs photos de Milivoj Asner au milieu de supporteurs
croates avant le match Allemagne-Croatie. On le voit aussi
assis tranquillement à une terrasse de café de Klagenfurt
en compagnie de sa femme.
"
FRAGILITÉ PHYSIQUE ET MENTALE"
Puis le journaliste du Sun s'est rendu à son domicile, où
il vit sous le nom de Georg Aschner, et a réalisé une interview
filmée au cours de laquelle Asner déclare "n'avoir
jamais fait de mal à personne". "Je ne suis pas un criminel de guerre (...). J'étais un fonctionnaire du ministère
de la justice, un avocat", poursuit-il. Selon le journaliste, l'homme ne semble pas sénile.
Pourtant, c'est en faisant valoir "la
fragilité physique et mentale" d'Asner que l'Autriche rejette la demande d'extradition formulée depuis 2005
par la justice croate. Après avoir vu cette interview, le
directeur du Centre Simon-Wiesenthal, Ephraïm Zuroff, a écrit
à la ministre autrichienne de la justice, Maria Berger, pour
renouveler la demande d'extradition d'Asner vers la Croatie.
Dans son entretien avec le journaliste du Sun, Milivoj Asner
se dit prêt à affronter la justice croate. "Je suis intimement convaincu que les juges, s'il s'agit de personnes honnêtes,
m'acquitteront, étant donné que je suis un Croate", dit-il. Mais, cette semaine, une nouvelle expertise psychiatrique, commandée
par le parquet de Klagenfurt, a conclu que la sénilité de
l'intéressé ne permettait pas son extradition.
lemonde.fr
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