Les «chasseurs de nazis» du Centre Wiesenthal essaient d'entrer en contact avec
sa fille.
La traque d'Aribert Heim, le «Docteur La Mort» de Mauthausen,
connaît un nouveau soubresaut. Cette fois-ci, les regards
se focalisent sur le sud du Chili, où le Centre Simon-Wiesenthal
essaie d'entrer en contact avec Waltraud, la fille illégitime
du criminel nazi. Ephraïm Zuroff, le directeur du Centre,
est arrivé à Puerto Montt, un port chilien où des Allemands
sont installés depuis un siècle et demi et qui pourrait
servir de refuge à une colonie d'anciens nazis. «Nous avons
reçu des informations potentiellement importantes de deux
sources différentes», a-t-il déclaré à l'agence Reuters.
Cité par l'AFP, son collaborateur Sergio Widder a fait
état de «données solides, crédibles, mais qu'il faut vérifier».
Ce n'est pas la première fois que des enquêteurs se croient sur la piste d'Aribert
Heim. Accusé de centaines de meurtres de prisonniers
de camps de concentration, Aribert Heim vit depuis 1962
dans la clandestinité. On a cru retrouver sa trace aux
États-Unis, en Égypte, en Espagne, aux confins du Paraguay
et de l'Argentine.
Plusieurs centaines de morts
Chaque fois, la piste s'est
révélée trop ténue pour appréhender le médecin bourreau
qui, s'il est effectivement encore en vie, vient de fêter
ses 94 ans. Il ne doit pourtant pas passer inaperçu,
avec sa stature de 1,80 mètre, sa pointure 47 et, surtout,
la cicatrice en forme de V à la commissure des lèvres.
La dernière photo de lui date de 1959, il y porte smoking
et nœud papillon. Elle a été retouchée sur ordinateur
pour faciliter les recherches.
Né le 28 juin 1914 à Bad Radkersburg,
en Autriche, Heim fait ses études de médecine à Graz
et à Vienne où il adhère au Parti nazi dès 1935, quand
la NSDAP est encore interdite. Au lendemain de l'Anschluss,
il rejoint la Waffen-SS, qui envoie le jeune médecin
à Sachsenhausen, Buchenwald et enfin Mauthausen. Il y
sévit du 8 octobre au 29 novembre 1941, et laisse plusieurs
centaines de morts dans son sillage. Par curiosité et
ennui, mais aussi par sadisme, il injecte à ses victimes
des cocktails mortels, directement dans le cœur, pour
trouver, montre en main, la méthode la plus rapide et
la plus économique. Une fois, précise l'acte d'accusation
allemand, il a «ouvert le ventre sur toute la longueur
pour prélever les intestins, le foie et la rate » d'un
prisonnier vivant. Arrêté par les Américains en 1945,
il réussit à cacher son passé et est libéré deux ans
plus tard. Le voilà à nouveau médecin, bientôt à la tête
d'un cabinet de gynécologie à Baden-Baden, où naissent
ses deux fils légitimes, alors que Waltraud, 64 ans, est d'un autre lit. Ses enfants affirment qu'il est mort d'un cancer
il y a longtemps déjà. Mais il y a l'histoire du compte
en banque à Berlin où dort un bon million d'euros. L'héritage
leur serait versé s'ils présentaient un acte de décès.
C'est un des indices qui nourrit l'espoir d'Ephraïm Zuroff
de le retrouver vivant.
lefigaro.fr
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