Les médecins chargés d'examiner John Demjanjuk ont estimé que
le criminel nazi présumé, âgé de 89 ans, était en bonne
santé, ouvrant la voie à un procès en Allemagne.
John Demjanjuk, considéré comme l'un des derniers criminels
nazi encore en vie, va comparaître devant la justice allemande
après des années de procédure. Les médecins ont en en effet
annoncé vendredi que l'homme, aujourd'hui âgé de 89 ans et
qui se dit malade, est tout à fait apte à comparaître devant
une Cour. Seule condition : que les audiences soient limitées
à deux fois 90 minutes par journée d'audience.
L'affaire devrait être renvoyée devant le tribunal dans le courant du mois. John
Demjanjuk, est accusé d'avoir contribué au meurtre de 29.000
juifs dans le camp d'extermination de Sobibor, (aujourd'hui
en Pologne) où il a été gardien pendant six mois au cours
de l'année 1943.
En décembre 2008, la plus haute autorité
judiciaire allemande avait estimé qu'un tribunal de Munich
était compétent pour le juger, au motif que Demjanjuk avait
vécu près de la capitale bavaroise en 1952 avant d'émigrer
aux Etats-Unis. La justice allemande avait donc émis le 11
mars dernier un mandat d'arrêt international contre cet ancien
ouvrier de l'industrie automobile de la banlieue de Cleveland
(USA), déchu de sa nationalité américaine en 2002 pour avoir
menti sur son passé.
Il avait ensuite été expulsé en mai
des Etats-Unis à l'issue d'une bataille judiciaire acharnée,
centrée sur son état de santé. La famille de John Demjanjuk,
qui habite aux Etats-Unis, affirmait qu'il était atteint
d'une forme de leucémie et qu'il pouvait à peine bouger.
Mais pourtant, de récentes vidéos de surveillance américaines
l'avaient montré sortant d'une voiture sans aide ni aucune
difficulté apparente.
Demjanjuk a toujours nié les faits
Dès son arrivée en Allemagne, Demjanjuk
avait perdu une première bataille, les médecins de la prison
de Munich considérant que son état de santé autorisait son
maintien en détention. «Son état de santé est bon (...) il
est même meilleur que ce à quoi l'on peut s'attendre à observer
chez un homme de 89 ans», avait en effet assuré le directeur
de la prison de Munich, Jochen Menzel.
Depuis le début de l'instruction,
John Demjanjuk nie tous les faits qui lui sont reprochés.
Dans un premier temps, il ne contestait pas avoir été gardien
du camp de Sobibor mais assurait y avoir été contraint par
les nazis en tant que prisonnier de guerre. Sa version a
changé depuis son extradition des Etats-Unis vers l'Allemagne
: il assure désormais qu'il n'a jamais mis les pieds dans
ce camp.
Un de ses avocats allemands, Ulrich
Busch, conteste également la compétence de la justice allemande
et la possibilité de rejuger son client pour des faits pour
lesquels, selon lui, il a déjà été «poursuivi et acquitté»
en Israël et en Pologne. Condamné à mort en Israël en 1988,
Demjanjuk avait ensuite été acquitté par la Cour suprême
israélienne en raison de doutes sur son identité.
«Nous sommes très satisfaits de savoir
que ce procès pourra avoir lieu et espérons qu'il s'ouvrira
au plus vite afin que ce criminel soit jugé et reçoive la
punition qu'il mérite», a déclaré vendredi Ephraïm Zuroff,
responsable du Centre Wiesenthal à Jérusalem.
lefigaro.fr
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