MUNICH (AFP) - Une cour d'assises allemande a condamné mardi
à perpétuité, pour un massacre de civils en Italie, un
ancien officier nazi qui menait depuis une vie paisible
en Bavière.
"Josef Scheungraber était le seul officier de la compagnie" de chasseurs alpins qui a tué 14 civils le 26 juin 1944 à Falzano di Cortona,
en Toscane, en représailles à un attaque de partisans,
a souligné le président de la cour d'assises
de Munich (Bavière, sud de l'Allemagne), Manfred
Götzl.
Le nonagénaire
a été reconnu responsable de la mort de dix d'entre
eux, "sans aucun doute des civils, des fermiers et leurs fils", mais relaxé des quatre autres chefs d'accusation d'assassinats, faute de preuve,
a annoncé le magistrat.
"C'est
un scandale", a réagi l'un des avocats de M. Scheungraber, Klaus Goebl. Il a annoncé son
intention de demander la révision du jugement.
La peine de prison ne peut pas être appliquée
tant que le jugement n'est pas définitif, et
M. Scheungraber, 90 ans, est reparti libre.
L'ancien nazi
semblait en bonne santé lorsqu'il a écouté, impassible,
le prononcé du verdict, vêtu d'une veste traditionnelle
bavaroise, de couleur sombre. Il avait récusé
les accusations pendant les onze mois de procès,
affirmant avoir remis les civils à la police
militaire et ignorer ce qui leur était arrivé
ensuite.
Le mobile
de ce massacre "était la vengeance, la haine et la colère contre les partisans qui avaient tué
deux de ses soldats", a estimé la cour.
Le jugement
a été applaudi par des habitants de Falzano di
Cortona et de descendants des victimes venus
à l'audience, très émus, et certains en pleurs.
"Il
s'agit d'un jugement très important, pour nos
familles, nos proches qui ne peuvent pas être
là, et c'est un jugement juste", a déclaré Angiola Lescai, 60 ans, qui a perdu son grand-père et un oncle dans
le massacre.
"C'est
aussi un message pour l'avenir: il y a certaines
choses qui ne doivent pas se passer et, au bout
du compte, il y a toujours une responsabilité
personnelle", a-t-elle ajouté.
Le directeur
du Centre Simon Wiesenthal de Jérusalem, qui
traque les anciens criminels nazis dans le monde,
Efraim Zuroff, a souligné pour sa part dans un
communiqué l'importance de tels procès, même
des décennies après la guerre.
"Les
victimes de Falzano di Cortona ont simplement
obtenu aujourd'hui que leurs tueurs soient punis
comme ils l'ont été en 1944".
En représailles
à un accrochage avec des partisans, les soldats
avaient pris en otages le 26 juin 1944 un groupe
de civils, âgés de 15 à 66 ans, alors que les
Alliés n'étaient plus qu'à quelques kilomètres
de là.
Il les avaient
conduits dans une maison du village, avant de
la faire exploser. Un seul a survécu, un jeune
homme alors âgé de 15 ans, Gino Massetti. Quatre
autres civils avaient été abattus par les nazis.
Josef Scheungraber
a déjà été condamné pour ces faits par contumace
à la prison à perpétuité le 28 septembre 2006,
par un tribunal militaire italien. Mais l'Allemagne,
qui n'extrade pas ses ressortissants contre leur
gré, n'a jamais fait appliquer cette peine.
Aussi le vieil
homme a-t-il poursuivi sa vie tranquille en Bavière,
dans sa ville natale d'Ottobrunn, où il est devenu
après la guerre une personnalité locale respectée,
gérant d'une menuiserie et conseiller municipal,
participant régulièrement à des commémorations
avec ses frères d'armes.
Le procès
de M. Scheungraber devrait être l'un des derniers
organisés en Allemagne contre un criminel nazi,
avec celui à venir de Ivan "John" Demjanjuk, accusé d'avoir participé au meurtre de 27.900 Juifs au camp d'extermination
nazi de Sobibor, aujourd'hui en Pologne. Il attend
de passer en cour d'assises à Munich.
Josef Scheungraber
a déjà été condamné pour ces faits par contumace
à la prison à perpétuité le 28 septembre 2006,
par le tribunal militaire de La Spezia (nord
de l'Italie).
point24.lu
|