11.08.2009 14h53 point24.lu
Un ancien nazi Allemand condamné à perpétuité, 65 ans après un massacre de civils

MUNICH (AFP) - Une cour d'assises allemande a condamné mardi à perpétuité, pour un massacre de civils en Italie, un ancien officier nazi qui menait depuis une vie paisible en Bavière.

"Josef Scheungraber était le seul officier de la compagnie" de chasseurs alpins qui a tué 14 civils le 26 juin 1944 à Falzano di Cortona, en Toscane, en représailles à un attaque de partisans, a souligné le président de la cour d'assises de Munich (Bavière, sud de l'Allemagne), Manfred Götzl.

Le nonagénaire a été reconnu responsable de la mort de dix d'entre eux, "sans aucun doute des civils, des fermiers et leurs fils", mais relaxé des quatre autres chefs d'accusation d'assassinats, faute de preuve, a annoncé le magistrat.

"C'est un scandale", a réagi l'un des avocats de M. Scheungraber, Klaus Goebl. Il a annoncé son intention de demander la révision du jugement. La peine de prison ne peut pas être appliquée tant que le jugement n'est pas définitif, et M. Scheungraber, 90 ans, est reparti libre.

L'ancien nazi semblait en bonne santé lorsqu'il a écouté, impassible, le prononcé du verdict, vêtu d'une veste traditionnelle bavaroise, de couleur sombre. Il avait récusé les accusations pendant les onze mois de procès, affirmant avoir remis les civils à la police militaire et ignorer ce qui leur était arrivé ensuite.

Le mobile de ce massacre "était la vengeance, la haine et la colère contre les partisans qui avaient tué deux de ses soldats", a estimé la cour.

Le jugement a été applaudi par des habitants de Falzano di Cortona et de descendants des victimes venus à l'audience, très émus, et certains en pleurs.

"Il s'agit d'un jugement très important, pour nos familles, nos proches qui ne peuvent pas être là, et c'est un jugement juste", a déclaré Angiola Lescai, 60 ans, qui a perdu son grand-père et un oncle dans le massacre.

"C'est aussi un message pour l'avenir: il y a certaines choses qui ne doivent pas se passer et, au bout du compte, il y a toujours une responsabilité personnelle", a-t-elle ajouté.

Le directeur du Centre Simon Wiesenthal de Jérusalem, qui traque les anciens criminels nazis dans le monde, Efraim Zuroff, a souligné pour sa part dans un communiqué l'importance de tels procès, même des décennies après la guerre.

"Les victimes de Falzano di Cortona ont simplement obtenu aujourd'hui que leurs tueurs soient punis comme ils l'ont été en 1944".

En représailles à un accrochage avec des partisans, les soldats avaient pris en otages le 26 juin 1944 un groupe de civils, âgés de 15 à 66 ans, alors que les Alliés n'étaient plus qu'à quelques kilomètres de là.

Il les avaient conduits dans une maison du village, avant de la faire exploser. Un seul a survécu, un jeune homme alors âgé de 15 ans, Gino Massetti. Quatre autres civils avaient été abattus par les nazis.

Josef Scheungraber a déjà été condamné pour ces faits par contumace à la prison à perpétuité le 28 septembre 2006, par un tribunal militaire italien. Mais l'Allemagne, qui n'extrade pas ses ressortissants contre leur gré, n'a jamais fait appliquer cette peine.

Aussi le vieil homme a-t-il poursuivi sa vie tranquille en Bavière, dans sa ville natale d'Ottobrunn, où il est devenu après la guerre une personnalité locale respectée, gérant d'une menuiserie et conseiller municipal, participant régulièrement à des commémorations avec ses frères d'armes.

Le procès de M. Scheungraber devrait être l'un des derniers organisés en Allemagne contre un criminel nazi, avec celui à venir de Ivan "John" Demjanjuk, accusé d'avoir participé au meurtre de 27.900 Juifs au camp d'extermination nazi de Sobibor, aujourd'hui en Pologne. Il attend de passer en cour d'assises à Munich.

Josef Scheungraber a déjà été condamné pour ces faits par contumace à la prison à perpétuité le 28 septembre 2006, par le tribunal militaire de La Spezia (nord de l'Italie).

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