AIX-LA
- CHAPELLE, Allemagne - La justice allemande a condamné mardi à la
prison à perpétuité Heinrich Boere,
88 ans, un ancien nazi néerlandais accusé d'avoir
tué trois compatriotes pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il avait reconnu avoir abattu les trois hommes en 1944 alors
qu'il appartenait à un escadron de la mort SS.
Son avocat Gordon Christiansen a annoncé qu'il ferait
appel du jugement devant un tribunal allemand. Boere restera
libre jusqu'à la fin de la procédure d'appel,
qui pourrait prendre deux à trois ans si elle va jusqu'à la
Cour européenne des droits de l'Homme, a précisé Me
Christiansen.
Teun de Groot, 77 ans, dont le père avait été tué par
Boere, a estimé "honteux" que l'ancien nazi
ne soit pas emprisonné immédiatement, mais était
néanmoins satisfait du verdict.
"Nous saluons la condamnation. C'est une nouvelle fois
la preuve que même à ce stade il est possible
de traduire en justice des criminels de guerre nazis",
a déclaré de son côté Efraim Zuroff,
principal chasseur de nazis du Centre Simon Wiesenthal, dans
un entretien téléphonique avec l'Associated
Press depuis Jérusalem.
Assis dans un fauteuil roulant, Heinrich Boere n'a manifesté aucune
réaction à l'énoncé du verdict,
gardant les yeux fixés vers le sol. Au sixième
rang sur la liste des nazis les plus recherchés du
Centre Simon Wiesenthal, il a écopé de la peine
maximale. Le juge Gerd Nohl, qui présidait le procès à Aix-la-Chapelle
(ouest), a dénoncé "la bassesse et la
lâcheté" des crimes de l'accusé.
Durant le procès, Boere a reconnu avoir commis les
trois meurtres alors qu'il appartenait à l'escadron
de la mort "Silbertanne" ("pin d'argent"),
composé largement de volontaires SS néerlandais
comme lui, chargés de tuer des concitoyens en représailles à des
attaques de la Résistance aux Pays-Bas. Les trois
victimes étaient des civils néerlandais.
Boere s'était défendu en expliquant qu'il
n'avait d'autre choix que d'obéir à ses supérieurs. "En
tant que simple soldat, j'ai appris à exécuter
les ordres. Et je savais que si je ne les exécutais
pas, je rompais mon serment et j'aurais été abattu",
avait-il déclaré.
L'accusation l'a toutefois décrit comme un nazi convaincu.
Le juge Nohl a souligné qu'il n'existait aucune preuve
que Boere ait cherché à contester les ordres.
L'escadron de la mort auquel il appartenait aurait commis
au total 54 meurtres.
De mère allemande et de père néerlandais,
Heinrich Boere s'était porté volontaire à l'âge
de 18 ans pour servir dans les Waffen SS, quelques mois seulement
après l'invasion des Pays-Bas par les forces allemandes
en 1940. Après avoir combattu sur le front russe,
il était revenu aux Pays-Bas pour intégrer
l'escadron de la mort.
Capturé par les Alliés à la fin de
la guerre, il avait passé deux ans comme prisonnier
de guerre aux Pays-Bas, mais avait réussi à s'évader
et à fuir en Allemagne avant d'être jugé.
Bien que condamné à mort par contumace aux
Pays-Bas en 1949, peine plus tard commuée en prison à vie,
il a échappé jusqu'ici à la prison.
En 1983, un tribunal allemand a refusé son extradition
vers les Pays-Bas au motif qu'il pouvait avoir la nationalité allemande,
et en 2007 un autre tribunal a refusé de l'obliger à purger
sa peine en Allemagne car il avait été jugé par
contumace. Boere est né à Eschweiler, dans
l'ouest de l'Allemagne, et était encore un enfant
en bas âge lorsqu'il s'était installé aux
Pays-Bas avec ses parents.
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