MONDE
– Que sont devenues les dépouilles des anciens nazis
et comment éviter que leur tombe, s’ils en ont une, attirent
leurs sympathisants? «20 Minutes» s’est penché sur la
question au moment où, en Italie, les restes de l’ancien
dignitaire nazi Enrich Priebke attendent de connaître
leur sort...
En Italie, l’histoire de la dépouille de l’ancien responsable nazi Enrich Priebke
devient rocambolesque. Personne n’en veut. Six jours
après la mort de l’ancien capitaine SS, ni le lieu de
son éventuelle crémation ni de sa sépulture n'ont été
pour le moment fixés. En attendant, le corps se trouvait
ce jeudi sur l’aéroport militaire de Pratica di Mare,
au sud de Rome.
Cette affaire rappelle combien
le sort des dépouilles des anciens nazis est une question
délicate. Comment éviter que leur tombe, s’ils en ont
une, ne devienne un lieu de pèlerinage pour néo-nazis?
Ce qu’a enduré pendant des années la commune de Wunsiedel,
en Bavière (sud de l’Allemagne), fait figure de repoussoir.
L’ancien bras-droit de Hitler, Rudolf Hess, y avait été
enterré après son suicide en prison en 1987. Depuis,
sa tombe attirait chaque année, le jour anniversaire
de sa mort, jusqu’à plusieurs milliers de néo-nazis.
N’en pouvant plus, la municipalité a fini par y mettre
un terme en 2011 en exhumant les restes de l’ancien nazi
–incinérés par ses descendants- et en faisant détruire
la tombe.
Corps incinérés ou enterrés
anonymement
C’est pour éviter ce type
de rassemblements que les corps de nombreux anciens hauts
responsables nazis ont été incinérés. Ceux d’Adolf Eichmann,
responsable logistique de la «Solution finale», de Martin
Bormann, ex-secrétaire particulier de Hitler, de Hermann
Goering, ancien commandant en chef de la Luftwaffe, et
de Joseph Goebbels, chef de la propagande nazie, l’ont
tous été. Leurs cendres ont été répandues dans la mer.
Parfois, les corps ont été
inhumés anonymement. Heinrich Himmler, ancien chef de
la Gestapo qui s’est suicidé en 1945, a été enterré dans
une tombe anonyme quelque part dans la lande de Luneburg,
en Basse Saxe. Anton Gecas, un autre ancien responsable
SS réfugié en Ecosse, a quant à lui été enterré sous
un faux nom dans un cimetière d’Edimbourg. «Sa famille
l’avait demandé: elle avait peur que des Juifs manifestent
lors des funérailles», raconte à 20 Minutes Efraïm Zuroff,
directeur du centre Simon-Wiesenthal à Jérusalem, et
auteur de Chasseur de nazis (Ed. Michel Lafont).
Le mystère Hitler
Quant à Hitler, qui s’est
suicidé dans son bunker en 1945, nul ne sait où se trouve
sa dépouille, déterrée par les Soviétiques puis déplacée
plusieurs fois -certains disent qu’elle se trouve à Moscou,
une hypothèse controversée.
«Il imaginait qu’il serait
dans une sorte de sarcophage géant –que même après la
mort il serait toujours là, physiquement. La défaite
l’en a empêché», a expliqué l’historien Laurence Rees
à la BBC. Le mystère demeure également pour les criminels
exécutés après leur procès à Nuremberg. «Où sont-ils?
On ne sait pas», affirme le directeur du centre Simon-Wiesenthal.
Après la mort des plus hauts
dignitaires nazis, les obsèques des derniers criminels
SS ont toutefois posé moins de problèmes. «Les suivants
étaient inconnus du grand public et impliqués à un plus
petit niveau dans la Solution finale. Donc dans la plupart
des cas, cela s’est passé normalement: les gens ont été
enterrés dans leur pays comme n’importe qui d’autre»,
explique Efraïm Zuroff.
Le corps d’Enrich Priebke, lui, attend toujours sa patrie d’accueil. 20minutes.fr
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