Sandor Kepiro, qui figure en tête de liste des criminels
nazis les plus recherchés par le Centre Simon Wiesenthal
a été inculpé lundi 14 février par la justice hongroise,
pour des crimes de guerre perpétrés en Serbie en 1942.
Selon le chef d'inculpation, Kepiro - qui aura 97 ans vendredi
- a participé lors d'une razzia entre les 21 et 23 janvier
1942 à l'exécution de civils en tant que commandant d'une
patrouille, a annoncé la porte-parole de l'Office du procureur,
Gabriella Skoda, dans un communiqué.
Celle-ci fait référence au massacre de Novi Sad, au nord de la Serbie, dans la
province de la Voïvodine, perpétré pendant l'occupation
nazie de l'ex-Yougoslavie. Des gendarmes et des
soldats hongrois, auxiliaires de la Wehrmacht
nazie et affectés dans la région en raison de
la présence d'une forte minorité hongroise (environ
300 000 personnes aujourd'hui), avaient tué 1
200 civils, juifs et serbes, selon le Centre
Simon-Wiesenthal. La justice serbe évoque quant
à elle "au moins 2 000" victimes.
CINQUANTE
ANS D'EXIL EN ARGENTINE
Sandor Kepiro
n'est pas inculpé pour l'ensemble de la tuerie,
a précisé la porte-parole : le parquet examine "seulement les actes de la personne soupçonnée". Lors des faits, environ 200 patrouilles, toutes composées de 10 à 12 soldats
ou gendarmes, ont été à l'œuvre et "une de ces patrouilles était sous le commandement de M. Kepiro". Au total, il devra répondre de l'assassinat de 36 personnes, a-t-elle indiqué. "M. Kepiro est en ce moment en liberté. Il devra obligatoirement comparaître devant
le tribunal lors du procès". Aucune date n'est encore fixée pour le procès.
En 2008, le
procureur serbe pour les crimes de guerre avait
demandé l'ouverture d'une enquête à l'encontre
de Sandor Kepiro, soupçonné d'avoir participé
à Novi Sad "à des activités visant à éliminer partiellement les communautés juive et serbe". L'inculpation en Hongrie intervient 15 ans après le retour à Budapest de cet
ancien capitaine de gendarmerie, exilé pendant
cinquante ans en Argentine. Déjà condamné à deux
reprises en Hongrie, en 1944 et 1946, il n'a
jamais purgé sa peine et a toujours clamé son
innocence.
LA HONGRIE
ÉPINGLÉE POUR SA PASSIVITÉ
La Fédération
des communautés juives hongroises s'est déclarée "satisfaite". "Nous espérons que le tribunal hongrois va décider une sentence appropriée pour
Sandor Kepiro", a-t-elle déclaré dans un communiqué. L'an passé, le Centre Simon-Wiesenthal
avait épinglé plusieurs pays, y compris la Hongrie,
dénonçant leur "faillite complète" dans la recherche d'anciens nazis.
Un autre Hongrois
est également cité dans la liste du Centre :
Karoly Zentai, qui a obtenu la nationalité australienne
et réside en Australie. Il est accusé d'avoir
participé à l'assassinat de juifs à Budapest
en 1944. lemonde.fr
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