Accusé de crimes de guerre, Sandor Kepiro, ancien nazi hongrois,
comparaît jeudi devant le tribunal de Budapest.
C’est l’un des derniers criminels de guerre nazis encore en vie qui va comparaître
jeudi devant le tribunal de Budapest : Sandor Kepiro, Hongrois
de 97 ans, marié, deux enfants, est accusé d’avoir contribué,
en janvier 1942, au terrible massacre Novi Sad. Il comparaîtra
libre. Selon le Centre Simon-Wiesenthal, ce procès « pourrait
être un des derniers, sinon le dernier des grands procès
d’un criminel de guerre nazi ». C’est d’ailleurs l’actuel
directeur de cette organisation spécialisée dans la traque
des anciens nazis, Efraim Zuroff, qui, en 2008, a retrouvé
celui qu’on appelait le boucher de Novi Sad. La ville, aujourd’hui
serbe, était alors annexée par le régime hongrois pro-nazi
de l’amiral Miklos Horthy et occupée par des forces hongroises
et allemandes. Entre les 21 et 23 janvier 1942, Sandor Kepiro
a participé à la rafle de 1.200 Juifs et Serbes et à leur
exécution. Lui-même en aurait directement assassiné 36. Pourtant
il affiche une conscience tranquille. En octobre dernier,
il confiait à une chaîne de télévision : « Je n’ai rien à regretté, je n’ai fait que mon devoir ! »
Capitaine de gendarmerie
Juriste de profession, il avait, en 1938, commencé, à 24
ans, sa carrière militaire à l’académie de la gendarmerie.
Il avait grimpé rapidement les échelons jusqu’à être promu
capitaine en 1943 et avait gardé son uniforme jusqu’en
1944. Déjà condamné à deux reprises, en 1944, puis en 1946,
à dix ans et à quatorze ans de prison, il avait échappé
aux barreaux. Réfugié en Argentine, où il avait travaillé
dans l’agriculture et l’industrie textile, il était rentré
dans son pays en 1996, avec un passeport hongrois, pensant
que tout le monde l’avait oublié. Il s’était installé à
Budapest, dans appartement situé en face d’une synagogue.
Efraim Zuroff l’a retrouvé dix ans plus tard dans le cadre
du programme « Operation Last Chance » (OLC - « Opération
dernière chance ») mené conjointement par le Centre Wiesenthal
et la Fondation Targum Shlishi, dont le siège est aux Etats-Unis.
Lancé en Autriche, en Allemagne, en Pologne, en Roumanie,
en Hongrie, en Croatie ainsi que dans les trois pays baltes,
ce programme porte assistance
aux gouvernements dans la recherche des anciens nazis et
criminels de guerre.
La défense de Sandor Kepiro sera assumée
par la Fondation nationale légale, dont le directeur, Tamas
Nagy Gaudi, est député parti d’extrême droite Jobbik au Parlement.
Il est aussi membre de la commission parlementaire pour la
Constitution et la justice, ainsi que de la commission pour
les droits de l’homme et de la religion.
« L’inculpation de Kepiro est un message
fort, qui confirme que le temps qui s’écoule n’allège pas
le crime des tueurs », avait déclaré Efraim Zuroff en février
dernier, après l’annonce de l’inculpation de Sandor Kepiro.
Ce dernier l’avait alors accusé de diffamation. Il comparaissait
mardi devant le tribunal de Budapest mardi, dans une procédure
judiciaire distincte.
francesoir.fr
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