4 mai 2011 à 06h35
francesoir.fr
Hongrie : Le boucher de Novi Sad devant la justice

Accusé de crimes de guerre, Sandor Kepiro, ancien nazi hongrois, comparaît jeudi devant le tribunal de Budapest.

C’est l’un des derniers criminels de guerre nazis encore en vie qui va comparaître jeudi devant le tribunal de Budapest : Sandor Kepiro, Hongrois de 97 ans, marié, deux enfants, est accusé d’avoir contribué, en janvier 1942, au terrible massacre Novi Sad. Il comparaîtra libre. Selon le Centre Simon-Wiesenthal, ce procès « pourrait être un des derniers, sinon le dernier des grands procès d’un criminel de guerre nazi ». C’est d’ailleurs l’actuel directeur de cette organisation spécialisée dans la traque des anciens nazis, Efraim Zuroff, qui, en 2008, a retrouvé celui qu’on appelait le boucher de Novi Sad. La ville, aujourd’hui serbe, était alors annexée par le régime hongrois pro-nazi de l’amiral Miklos Horthy et occupée par des forces hongroises et allemandes. Entre les 21 et 23 janvier 1942, Sandor Kepiro a participé à la rafle de 1.200 Juifs et Serbes et à leur exécution. Lui-même en aurait directement assassiné 36. Pourtant il affiche une conscience tranquille. En octobre dernier, il confiait à une chaîne de télévision : « Je n’ai rien à regretté, je n’ai fait que mon devoir ! »

Capitaine de gendarmerie
Juriste de profession, il avait, en 1938, commencé, à 24 ans, sa carrière militaire à l’académie de la gendarmerie. Il avait grimpé rapidement les échelons jusqu’à être promu capitaine en 1943 et avait gardé son uniforme jusqu’en 1944. Déjà condamné à deux reprises, en 1944, puis en 1946, à dix ans et à quatorze ans de prison, il avait échappé aux barreaux. Réfugié en Argentine, où il avait travaillé dans l’agriculture et l’industrie textile, il était rentré dans son pays en 1996, avec un passeport hongrois, pensant que tout le monde l’avait oublié. Il s’était installé à Budapest, dans appartement situé en face d’une synagogue. Efraim Zuroff l’a retrouvé dix ans plus tard dans le cadre du programme « Operation Last Chance » (OLC - « Opération dernière chance ») mené conjointement par le Centre Wiesenthal et la Fondation Targum Shlishi, dont le siège est aux Etats-Unis. Lancé en Autriche, en Allemagne, en Pologne, en Roumanie, en Hongrie, en Croatie ainsi que dans les trois pays baltes, ce programme porte assistance aux gouvernements dans la recherche des anciens nazis et criminels de guerre.

La défense de Sandor Kepiro sera assumée par la Fondation nationale légale, dont le directeur, Tamas Nagy Gaudi, est député parti d’extrême droite Jobbik au Parlement. Il est aussi membre de la commission parlementaire pour la Constitution et la justice, ainsi que de la commission pour les droits de l’homme et de la religion.

« L’inculpation de Kepiro est un message fort, qui confirme que le temps qui s’écoule n’allège pas le crime des tueurs », avait déclaré Efraim Zuroff en février dernier, après l’annonce de l’inculpation de Sandor Kepiro. Ce dernier l’avait alors accusé de diffamation. Il comparaissait mardi devant le tribunal de Budapest mardi, dans une procédure judiciaire distincte.

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