le 04 mai 2011 à 16h02
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A 97 ans, le nazi Sandor Kepiro jugé en Hongrie

Le Hongrois Sandor Kepiro, 97 ans, un des derniers criminels de guerre nazis encore vivant, comparaîssait jeudi devant le tribunal de Budapest pour des accusations de crimes de guerre perpétrés en Serbie en 1942.

C'est l'un des derniers criminels de guerre nazis encore vivant. Le Hongrois Sandor Kepiro, 97 ans, comparaît à partir de ce jeudi devant le tribunal de Budapest pour des accusations de crimes de guerre perpétrés en Serbie en 1942. Le procès "pourrait être un des derniers, sinon le dernier des grands procès d'un criminel de guerre nazi", estime le Centre Simon Wiesenthal, spécialisé dans la traque des nazis, et dont le dirigeant, Efraim Zuroff, a retrouvé la trace de Sandor Kepiro. Selon le tribunal, le procès sera ouvert au public et débutera à 09h. Aucune mesure de sécurité particulière n'est prévue et l'accusé comparaîtra libre.

Sandor Kepiro est soupçonné par le Centre Wiesenthal d'avoir contribué au massacre d'au moins 1.200 civils, juifs et serbes, en janvier 1942 à Novi Sad, aujourd'hui serbe, territoire alors annexé par le régime hongrois pro-nazi de l'amiral Miklos Horthy et occupé par des forces hongroises aux côtés de la Wehrmacht nazie.

Soupçonné d'avoir favorisé l'exécution de 36 civils

" Selon l'acte d'accusation, Sandor Kepiro a contribué lors d'une rafle entre les 21 et 23 janvier 1942 à l'exécution sommaire illégale de civils innocents en tant que commandant d'une patrouille", indique le Parquet hongrois. Il devra répondre directement de la mort de 36 personnes. Le Parquet, qui a reçu les documents de la rafle de Novi Sad des autorités serbes en 2009, l'accuse précisément d'avoir été "complice d'actes de crimes de guerre". Cela peut lui valoir, en application du Code pénal hongrois, la prison à perpétuité. S'il admet avoir été présent lors de la rafle de Novi Sad, Sandor Kepiro nie les accusations.

Il avait déjà été condamné à deux reprises, en 1944 puis, après l'annulation du premier procès, en 1946, par défaut, pour la rafle de Novi Sad (à respectivement 10 et 14 ans de prison). Mais il n'a pas purgé sa peine car il s'était enfui de Hongrie dès 1944. Efraim Zuroff a retrouvé sa trace en 2006 à Budapest, où il est rentré sans problème, avec un passeport hongrois, et en toute discrétion en 1996 après avoir vécu près d'un demi-siècle en Argentine.

Défense assurée une Fondation proche de l'extrême droite

Sandor Kepiro a été retrouvé dans le cadre du programme "Operation Last Chance" (OLC - "Opération dernière chance"), mené conjointement par le Centre Wiesenthal et la Fondation Targum Shlishi, dont le siège est aux Etats-Unis. Ce programme porte assistance aux gouvernements dans la recherche des anciens nazis et criminels de guerre. Le programme OLC a été lancé en Autriche, en Allemagne, en Pologne, en Roumanie, en Hongrie, en Croatie ainsi que dans les trois pays baltes. "L'inculpation de Kepiro est un message fort, qui confirme que le temps qui s'écoule n'allège pas le crime des tueurs", expliquait Efraim Zuroff en février, après l'annonce de l'inculpation de Sandor Kepiro.

Ce dernier l'a accusé de diffamation et Efraim Zuroff devra comparaître en conséquence devant le tribunal de Budapest mardi, dans une procédure judiciaire
distincte. La défense de Sandor Kepiro sera assumée par la Fondation nationale légale, dont le directeur, Tamas Nagy Gaudi, est député au parlement du parti d'extrême droite Jobbik. Il est aussi membre de la la commission parlementaire pour la Constitution et la justice, ainsi que de la commission pour les droits de l'Homme et de la religion.

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