18/07/2011 à 07h37 20minutes.fr
BUDAPEST - Hongrie: verdict attendu dans le procès Kepiro

BUDAPEST - Le tribunal de Budapest rendra son verdict lundi dans le procès contre Sandor Kepiro, accusé de complicité de crimes de guerre contre des civils, dont des Juifs, à Novi Sad (Serbie) en 1942, le Parquet ayant réclamé une peine de prison ferme et la défense l'annulation du procès ou un acquittement.

Le verdict devrait être rendu à la mi-journée, un moment où le prévenu, âgé de 97 ans, est plus "alerte" mentalement, selon le juge Béla Varga.

L'audience commencera par une courte réaction du procureur à la plaidoirie de la défense prononcée fin juin.

A son tour, la défense aura le droit de réagir aux remarques du procureur et, ensuite, le juge prononcera le verdict du tribunal.

"Nous allons ensuite procéder à la justification de notre décision, qui ne se terminera certainement pas le 18 juillet", a indiqué le juge. "D'abord, j'expliquerai pour quelles raisons c'est notre tribunal, et pas un tribunal serbe, qui a mené ce procès. Ensuite, en détail, nous allons expliquer pour quelles raisons nous avons pris en compte telle ou telle preuve, ou témoignage, alors que nous en avons refusé d'autres", a expliqué le magistrat.

Les experts cités au procès ont relevé plusieurs fois que les documents sur lesquels se basait l'accusation étaient incomplets ou issus de mauvaises traductions.

Le tribunal va également expliquer pourquoi il accepte ou refuse les condamnations qui ont frappé le prévenu dans les années 1940: en 1944, Sandor Kepiro avait été condamné à 10 ans de prison par un tribunal militaire, mais la décision avait été annulée par les autorités de l'époque. En 1946, il avait été condamné par contumace à 14 ans de prison par un tribunal du régime communiste. Deux décisions dont la légitimité a été mise en doute par des historiens au cours du procès.

Sandor Kepiro est accusé de complicité de crimes de guerre lors d'une rafle entre les 21 et 23 janvier 1942 à Novi Sad, territoire aujourd'hui serbe, alors annexé par la Hongrie, alliée de l'Allemagne nazie.

Au moins 1.200 civils juifs et serbes ont péri lors de ce massacre. l'accusé, qui clame son innocence, doit répondre directement de la mort de 36 personnes dont il aurait ordonné l'exécution.

Sandor Kepiro n'a jamais purgé de peine: il s'était enfui en Argentine où il est resté plus d'un demi-siècle avant de revenir en 1996 dans sa patrie.

Le Centre Simon Wiesenthal l'avait placé en tête de sa liste d'anciens nazis les plus recherchés. Son dirigeant, Efraim Zuroff, avait retrouvé sa trace à Budapest en 2006.

Indépendamment du verdict, la procédure judiciaire devrait se poursuivre, car, s'agissant d'un procès de "prestige" pour le Parquet comme pour la défense, la partie perdante est suceptible de faire appel, avait estimé l'avocat de Sandor Kepiro, Zsolt Zétényi, qui espère que son client survivra au long processus judiciaire.

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