BUDAPEST - Le tribunal de Budapest rendra son verdict lundi dans le procès contre
Sandor Kepiro, accusé de complicité de crimes de guerre contre
des civils, dont des Juifs, à Novi Sad (Serbie) en 1942,
le Parquet ayant réclamé une peine de prison ferme et la
défense l'annulation du procès ou un acquittement.
Le verdict devrait être rendu à la mi-journée, un moment où le prévenu, âgé de
97 ans, est plus "alerte" mentalement, selon le juge Béla Varga.
L'audience
commencera par une courte réaction du procureur
à la plaidoirie de la défense prononcée fin
juin.
A son
tour, la défense aura le droit de réagir aux
remarques du procureur et, ensuite, le juge
prononcera le verdict du tribunal.
"Nous
allons ensuite procéder à la justification
de notre décision, qui ne se terminera certainement
pas le 18 juillet", a indiqué le juge. "D'abord, j'expliquerai pour quelles raisons c'est notre tribunal, et pas un tribunal
serbe, qui a mené ce procès. Ensuite, en détail,
nous allons expliquer pour quelles raisons
nous avons pris en compte telle ou telle preuve,
ou témoignage, alors que nous en avons refusé
d'autres", a expliqué le magistrat.
Les
experts cités au procès ont relevé plusieurs
fois que les documents sur lesquels se basait
l'accusation étaient incomplets ou issus de
mauvaises traductions.
Le tribunal
va également expliquer pourquoi il accepte
ou refuse les condamnations qui ont frappé
le prévenu dans les années 1940: en 1944,
Sandor Kepiro avait été condamné à 10 ans
de prison par un tribunal militaire, mais
la décision avait été annulée par les autorités
de l'époque. En 1946, il avait été condamné
par contumace à 14 ans de prison par un tribunal
du régime communiste. Deux décisions dont
la légitimité a été mise en doute par des
historiens au cours du procès.
Sandor
Kepiro est accusé de complicité de crimes
de guerre lors d'une rafle entre les 21 et
23 janvier 1942 à Novi Sad, territoire aujourd'hui
serbe, alors annexé par la Hongrie, alliée
de l'Allemagne nazie.
Au moins
1.200 civils juifs et serbes ont péri lors
de ce massacre. l'accusé, qui clame son innocence,
doit répondre directement de la mort de 36
personnes dont il aurait ordonné l'exécution.
Sandor
Kepiro n'a jamais purgé de peine: il s'était
enfui en Argentine où il est resté plus d'un
demi-siècle avant de revenir en 1996 dans
sa patrie.
Le Centre
Simon Wiesenthal l'avait placé en tête de
sa liste d'anciens nazis les plus recherchés.
Son dirigeant, Efraim Zuroff, avait retrouvé
sa trace à Budapest en 2006.
Indépendamment
du verdict, la procédure judiciaire devrait
se poursuivre, car, s'agissant d'un procès
de "prestige" pour le Parquet comme pour la défense, la partie perdante est suceptible de
faire appel, avait estimé l'avocat de Sandor
Kepiro, Zsolt Zétényi, qui espère que son
client survivra au long processus judiciaire.
20minutes.fr
|