Le Hongrois Sandor Kepiro, 97 ans, considéré comme l'un des derniers criminels
de guerre nazis présumés encore vivants, a été acquitté de
l'accusation de complicité de crimes de guerre en Serbie
en 1942, notamment contre des juifs, lundi 18 juillet, par
le tribunal de Budapest.
Le parquet
avait requis une peine de prison ferme. La
défense avait plaidé l'annulation du procès
ou l'acquittement. Le président du tribunal,
le juge Béla Varga, a annoncé le verdict,
l'audience se poursuivant par la lecture des
attendus, laquelle pourrait se prolonger jusqu'à
mardi matin.
Le dirigeant
du Centre Simon-Wiesenthal en Israël, Ephraïm
Zuroff, a qualifié cet acquittement de "scandale". "Nous avons été informés par le procureur qu'il y aurait un appel de ce jugement
contre celui qui continue à figurer à la première
place de notre liste des criminels de guerre
nazis", a-t-il ajouté. "Ce procès a eu lieu grâce au Centre Simon-Wiesenthal, qui a fourni en 2006 des
informations concernant Kepiro aux autorités
hongroises", a poursuivi M. Zuroff.
EN TÊTE
DE LA LISTE DES NAZIS LES PLUS RECHERCHÉS
Sandor
Kepiro était accusé de complicité de crimes
de guerre commis lors d'une rafle entre les
21 et 23 janvier 1942 à Novi Sad, territoire
aujourd'hui serbe, alors annexé par la Hongrie,
alliée de l'Allemagne nazie : au moins 1 200
civils – juifs et serbes – avaient péri lors
de ce massacre. L'accusé, qui a toujours clamé
son innocence, répondait personnellement de
la mort de trente-six personnes dont il aurait
ordonné l'exécution sommaire, selon l'accusation.
Lors
du procès, des historiens appelés à la barre
comme experts avaient relevé que des documents
sur lesquels se fondait le parquet étaient
incomplets ou issus de mauvaises traductions.
Le Centre Simon-Wiesenthal avait placé Sandor
Kepiro en tête de sa liste d'anciens nazis
les plus recherchés. Son dirigeant, Efraim
Zuroff, avait retrouvé sa trace à Budapest
en 2006.
En 1944,
Sandor Kepiro avait déjà été condamné à dix
ans de prison par un tribunal militaire, mais
la décision avait été annulée par les autorités
de l'époque. En 1946, il avait été condamné
par contumace à quatorze ans de prison par
un tribunal du régime communiste. Sandor Kepiro
n'a jamais purgé de peine : il s'était enfui
en Argentine, où il est resté plus d'un demi-siècle
avant de revenir dans sa patrie en 1996.
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