18.07.11 | 12h28
lemonde.fr
Nazisme : le Hongrois Sandor Kepiro a été acquitté

Le Hongrois Sandor Kepiro, 97 ans, considéré comme l'un des derniers criminels de guerre nazis présumés encore vivants, a été acquitté de l'accusation de complicité de crimes de guerre en Serbie en 1942, notamment contre des juifs, lundi 18 juillet, par le tribunal de Budapest.

Le parquet avait requis une peine de prison ferme. La défense avait plaidé l'annulation du procès ou l'acquittement. Le président du tribunal, le juge Béla Varga, a annoncé le verdict, l'audience se poursuivant par la lecture des attendus, laquelle pourrait se prolonger jusqu'à mardi matin.

Le dirigeant du Centre Simon-Wiesenthal en Israël, Ephraïm Zuroff, a qualifié cet acquittement de "scandale". "Nous avons été informés par le procureur qu'il y aurait un appel de ce jugement contre celui qui continue à figurer à la première place de notre liste des criminels de guerre nazis", a-t-il ajouté. "Ce procès a eu lieu grâce au Centre Simon-Wiesenthal, qui a fourni en 2006 des informations concernant Kepiro aux autorités hongroises", a poursuivi M. Zuroff.

EN TÊTE DE LA LISTE DES NAZIS LES PLUS RECHERCHÉS

Sandor Kepiro était accusé de complicité de crimes de guerre commis lors d'une rafle entre les 21 et 23 janvier 1942 à Novi Sad, territoire aujourd'hui serbe, alors annexé par la Hongrie, alliée de l'Allemagne nazie : au moins 1 200 civils – juifs et serbes – avaient péri lors de ce massacre. L'accusé, qui a toujours clamé son innocence, répondait personnellement de la mort de trente-six personnes dont il aurait ordonné l'exécution sommaire, selon l'accusation.

Lors du procès, des historiens appelés à la barre comme experts avaient relevé que des documents sur lesquels se fondait le parquet étaient incomplets ou issus de mauvaises traductions. Le Centre Simon-Wiesenthal avait placé Sandor Kepiro en tête de sa liste d'anciens nazis les plus recherchés. Son dirigeant, Efraim Zuroff, avait retrouvé sa trace à Budapest en 2006.

En 1944, Sandor Kepiro avait déjà été condamné à dix ans de prison par un tribunal militaire, mais la décision avait été annulée par les autorités de l'époque. En 1946, il avait été condamné par contumace à quatorze ans de prison par un tribunal du régime communiste. Sandor Kepiro n'a jamais purgé de peine : il s'était enfui en Argentine, où il est resté plus d'un demi-siècle avant de revenir dans sa patrie en 1996.

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