publié le 18 June 2013 15h50 clicanoo.re
Hongrie: le criminel de guerre nazi présumé Csatari inculpé

Le Parquet de Budapest a inculpé mardi, après un an d’enquête, le criminel de guerre nazi présumé Laszlo Csatari, âgé de 98 ans, qui nie les faits, pour son rôle dans la Shoah et la déportation de 12.000 juifs vers les camps de la mort nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le Parquet a annoncé mardi l’avoir mis en accusation devant le Tribunal de la capitale hongroise dans le cadre de l’enquête judiciaire menée contre le criminel de guerre nazi présumé.

"Le Tribunal dispose d’un maximum de 90 jours pour démarrer le procès", a déclaré à l’AFP Bettina Bagoly, porte-parole du Parquet.

Laszlo Csatari figure en première place dans la liste des criminels de guerre nazis présumés les plus recherchés au monde du Centre Simon-Wiesenthal, basé à Jérusalem.

Le Centre Simon-Wiesenthal, dans un communiqué signé par le responsable de la traque des criminels de guerre nazis, Efraim Zuroff, a qualifié la mise en accusation de Laszlo Csatari de "signal fort démontrant qu’il est possible de rendre justice encore aujourd’hui aux victimes de l’Holocauste".

Laszlo Csatari avait été arrêté le 18 juillet 2012 par la police à Budapest et "assigné à résidence". La justice avait été alertée fin 2011 sur son passé suspect par Efraim Zuroff.

Dans son communiqué, le Parquet rappelle que Laszlo Csatari avait été nommé à l’automne 1942 chef de la police dans la ville de Kassa (aujourd’hui Kosice, en Slovaquie, alors sous juridiction de la Hongrie, alliée de l’Allemagne nazie).

"Après l’occupation allemande de Kassa en mars 1944, un ghetto a été établi dans la ville où la majorité des juifs locaux ont été déportés entre le 15 et le 22 avril 1944 avec l’aide de la police locale et de la gendarmerie", selon le Parquet, qui chiffre le nombre des résidents juifs à l’époque à près de 12.000. D’après le Centre Simon-Wiesenthal, le nombre de juifs déportés de Kassa vers les camps de la mort s’est élevé à 15.700.

Laszlo Csatari "battait régulièrement les Juifs internés à mains nues, les fouettait sans raisons particulières, sans égard aux conditions, au sexe, à l’âge ou la santé des personnes agressées".

Le Bureau du Procureur illustre la cruauté de Laszlo Csatari par le fait "qu’il avait interdit de découper des fenêtres dans les parois d’un wagon de transport ferroviaire de marchandises dans lequel s’entassaient quelques 80 personnes, qui n’avaient ainsi pas accès à de l’air frais".Plus tard, au mois de mai, Laszlo Csatari a contribué à la déportation de ces juifs dans des trains vers le camp d’extermination nazi d’Auschwitz.

"Par ses actes et son comportement, Laszlo Csatari a intentionnellement contribué aux exécutions illégales et tortures commises contre des personnes juives, qui ont été expulsées de Kassa vers les camps de concentration" nazis, estime le Parquet.

En 1948, Laszlo Csatari avait été condamné à mort par contumace par un tribunal tchécoslovaque. Mais, fin mars 2013, un tribunal local de Kassa avait commué ce verdict en "prison à perpétuité". Et les autorités slovaques pourraient demander à la Hongrie d’extrader Laszlo Csatari en Slovaquie pour qu’il puisse y purger sa peine.

Interrogé par l’AFP, le Parquet de Kosice a renvoyé à un communiqué devant être publié en début d’après-midi.

En tout état de cause, les autorités hongroises n’ont pas encore reçu de demande officielle d?extradition et la procédure légale suit donc son cours normal à Budapest, a expliqué la porte-parole du Parquet à l’AFP.

Laszlo Csatari a toujours nié toutes les accusations à son encontre, démentant avoir été le commandant de la police du ghetto de Kassa et d’avoir signé des documents en tant que tel, bien que le Musée de l’Holocause à Budapest avait présenté un document signé de sa main en tant que commandant du ghetto. Il avait même nié avoir été antisémite.

Le procès contre Laszlo Csatari pourrait commencer à la mi-septembre.

L’affaire Csatari survient dans un contexte de tensions: le Premier ministre conservateur hongrois, Viktor Orban, s’était expliqué début mai devant le Congrès juif mondial (WJC) sur la montée de l’antisémitisme en Hongrie. Le WJC s’était déroulé cette année à Budapest en signe de solidarité avec les juifs hongrois, les incidents antisémites s’étant multipliés en Hongrie en 2012.

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