Le
Centre Simon Wiesenthal de Jérusalem lance en ce moment
un appel à tous les Juifs originaires de Lituanie («
Litvaks ») afin qu’ils boycottent et repoussent une nouvelle
initiative annoncée par le Premier ministre lituanien
Andrius Kubilius, de créer un « Forum de l’Héritage Lituanien
». Le chasseur de nazis Ephraïm Zuroff, Directeur du
Centre Wiesenthal, accuse formellement le gouvernement
lituanien « de tenter d’attirer le soutien des Juifs
à travers le monde à ce projet, qui constitue en fait
une approche révisionniste de la Shoah, en mettant sur
un même pied les crimes communistes et les horreurs nazies,
et en minimisant le rôle des collaborateurs locaux des
nazis dans les massacres des Juifs lituaniens. ».
On estime à 135.000 le nombre de Juifs lituaniens massacrés par les nazis et
leurs collaborateurs locaux, sur les 160.000 Juifs qui
y vivaient avant la guerre. C’est l’un des taux les plus
élevés. Pour Zuroff, « la démarche actuelle du gouvernement
lituanien, c’est comme si la Turquie voulait former un
groupe d’Arméniens qui seraient chargés de nier le génocide
perpétré par les Turcs contre le peuple arménien! »
Ephraïm Zuroff promet « que
le Centre Wiesenthal continuera ses efforts pour lutter
contre ces distorsions de la vérité historique ». Il
a également précisé « qu’il est en contact avec ‘l’Association
des Juifs lituaniens en Israël’, qui est l’organisation
la plus grande du monde des Juifs ‘Litvaks’, dans le
but d’agir ensemble contre cette tactique gouvernementale
lituanienne, et afin de ne pas entraîner des Juifs naïfs
à collaborer à la destruction de leur propre héritage
historique ».
Dernièrement, le site Internet
de la chaîne américaine CNN titrait « La Réécriture de
l’Histoire de la Shoah » avec un article qui relatait
l’histoire personnelle et familiale d’Ephraïm Zuroff.
Ce dernier racontait le kidnapping de son grand-père
(Ephraïm z.l), en juin 1941, par un gang de Lituaniens
qui terrorisait les quartiers juifs, et son exécution
à peine arrivé en prison. « Depuis 1991 et l’indépendance
du pays », notait Zuroff, « la Lituanie tente de se créer
un nouveau passé », « En réalité », affirme Zuroff, «
la majeure partie des Lituaniens accueillirent les nazis
en libérateurs de l’oppression communiste, et ils désignèrent
les Juifs comme collaborateurs des communistes. Jusqu’à
aujourd’hui, ils sont persuadés que les Juifs ont une
grande part de responsabilité dans les déportations massives
et les massacres de civils lituaniens par les troupes
bolchéviques ».
Leonidas Donskis, parlementaire
européen à Strasbourg, est cependant clair sur cette
question: « Il est honteux de considérer les crimes communistes
comme un génocide, car, malgré leur horreur, tous les
documents historiques attestent qu’il n’y avait aucune
volonté ni aucun plan d’extermination ethnique ou nationale
de la part des Russes envers les Lituaniens comme ce
fut le cas des nazis envers les Juifs ». Donskis accuse
« la faillite de l’Etat lituanien, qui jusqu’à présent,
n’a jamais jugé le moindre collaborateur des nazis ».
Au mois d’août, le Centre
Wiesenthal présentera son Rapport annuel sur l’état actuel
de la poursuite des anciens nazis et de leurs collaborateurs
à travers le monde. Zuroff, qui n’est pas en odeur de
sainteté dans cette république balte, a annoncé déjà
« que la Lituanie ferait partie des pays les plus critiqués
en ce domaine ».
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